L’air est-il plus sain dans un écoquartier ? Illustration à Dijon avec le quartier Heudelet
Alterre Bourgogne-Franche-Comté et Université de Bourgogne

mai 2024

Ecoquartier : aménagement urbain intégrant les enjeux environnementaux dans sa conception et son fonctionnement, en cherchant à réduire au maximum son empreinte écologique.

A proximité du centre-ville de Dijon, l’écoquartier Heudelet est né de la reconversion urbaine d’une ancienne friche militaire. Composé de plus de 500 logements et de sièges d’organismes publics et associatifs, le site laisse une grande place à la végétation et encourage la biodiversité (allées piétonnes végétalisées, sols perméables, hôtels à insectes, nombreux espaces verts collectifs et privés…). Les émissions de polluants au sein de l’écoquartier sont minimes : l’ensemble des bâtiments est alimenté par le réseau de chaleur urbain et la seule circulation autorisée est celle des camions de ramassage de déchets et des véhicules non motorisés.

Mais est-ce que la conception de l’écoquartier, couplée aux modes de déplacement doux, lui confèrent une signature particulière ?
Pour le savoir, Yves Richard et Nadège Martiny, enseignants-chercheurs du CRC1 ont mené une étude sur la qualité de l’air et le climat au sein d’Heudelet. Ils ont été accompagnés par les étudiants de deux masters en géographie, spécialisés dans l’adaptation au changement climatique et la mobilité. Plusieurs instruments de mesure ont été déployés dès l’automne 2022, au sein de l’écoquartier et dans sa périphérie. Une station météorologique permettait de mesurer la température, l’humidité relative, le vent (intensité et direction) et la température moyenne radiante (nécessaire pour calculer le confort thermique). La pollution aux particules fines et au black carbon², particulièrement nocives pour la santé humaine, ont également été étudiées, par le biais de mesures mobiles permettant de tracer précisément (toutes les 5 secondes) les concentrations de ces polluants et d’en comprendre l’origine (fioul, gazole, feu de bois…).

Les conclusions de l’étude font apparaître une excellente qualité de l’air à Heudelet, en comparaison notamment de son environnement direct (quartiers résidentiels quadrillés d’axes de circulation). La qualité de l’air y est similaire à celle d’un quartier piéton en centre-ville, avec des concentrations en black carbon n’excédant pas 1 µg/m3 à l’heure de pointe3. Lors de la canicule d’août 2023, les températures furent certes très élevées et le confort thermique dégradé, mais dans une moindre mesure en comparaison de l’hyper-centre de Dijon.

A l’issue de cette étude, l’association Ecovivre à Heudelet a convié les usagers à une réunion publique de restitution des résultats, dans les locaux de l’association Réserves Naturelles de France. En février 2024, une nouvelle restitution a eu lieu auprès des élus de Dijon Métropole.

Entre 2019 et 2022, la qualité de l’air à Dijon a par ailleurs fait l’objet d’un travail de recherche actif, à travers le programme POPSU (Plate-forme d’Observation des Projets et Stratégies urbaines). Décliné d’un programme de recherche scientifique national, POPSU visait à implanter un observatoire environnemental dans la métropole dijonnaise, avec la mise en place d’un réseau de capteurs et de stations permettant d’analyser le climat urbain et la qualité de l’air.

1 Centre de Recherches de Climatologie du laboratoire Biogéosciences, CNRS / Université de Bourgogne

2 Les black carbon sont des particules carbonées extrêmement fines (d < 2.5 µm) 

3 Valeur qui correspond à la moyenne annuelle sur un site de fond urbain à Dijon

Pour en savoir plus


Cet article a été réalisé dans le cadre du Repères #89, à retrouver ici :
https://alterrebourgognefranchecomte.org/ressources?detail=57708.

Filtres
Publication Alterre
Thèmes
Partager sur