Qualité de l'air en Bourgogne-Franche-Comté : contexte et chiffres clés

mai 2024

Enjeu majeur pour la santé humaine et l’environnement, la qualité de l’air peut être modifiée par des polluants d’origine naturelle ou liés à l’activité humaine. En France, treize polluants atmosphériques font l’objet d’une surveillance continue, au regard de leurs conséquences sanitaires et environnementales.

Dans chaque région, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) sont notamment chargées d’observer les niveaux d’exposition à certains polluants, de sensibiliser la population lors des pics de pollution et d’accompagner les acteurs territoriaux pour préserver la qualité de l’air.

Cette pollution n’est évidemment pas sans conséquences sur la santé humaine et celle des écosystèmes. Elle peut entraîner la survenue de maladies chroniques (pathologies respiratoires et cardiovasculaires, allergies) et être à l’origine de cancers ou de décès prématurés. On observe des effets à court terme (lors de pics de pollution) comme à moyen et long termes (pollution de fond). L’impact sur l’environnement se mesure à différentes échelles : contamination des sols, altération de la croissance des végétaux, perte de biodiversité, baisse des rendements agricoles… La pollution concourt, par ailleurs, à dégrader le bâti (matériaux, bâtiments). 

En Bourgogne-Franche-Comté, les trois polluants de l’air principalement liés à l’activité humaine sont le dioxyde d’azote, l’ozone et les particules fines et très fines.1 Ils proviennent du transport routier de marchandises et de personnes (monoxyde de carbone, dioxyde d’azote, particules), des activités industrielles et tertiaires (composés organiques volatiles [COV], dioxyde de soufre, métaux lourds) et de l’agriculture (COV, ammoniac, dioxyde d’azote). Les particules sont, quant à elles, générées majoritairement par le trafic routier, les modes de chauffage individuels et collectifs, ainsi que les procédés industriels et agricoles.

À échelle locale, les territoires s’emparent du sujet pour intégrer les enjeux de la qualité de l’air dans l’aménagement et le cadre de vie (plans climat-air-énergie [PCAET], études d’impact, urbanisme favorable à la santé…).

1 D’autres polluants suscitent une vigilance dans certaines zones de la région : hydrocarbures aromatiques polycycliques, métaux, pesticides…

Trois sources de pollution majeures en Bourgogne Franche-Comté

Le dioxyde d’azote, une pollution localisée près des axes routiers et des pôles urbains

Responsable de problèmes respiratoires chez l’Homme, il impacte aussi l’environnement et les écosystèmes (pluies acides, dégradation des milieux naturels, gaz à effet de serre…). 

Principalement émis par le trafic routier, le dioxyde d’azote est particulièrement présent sur les axes autoroutiers de Dijon-Beaune-Chalon et Belfort-Montbéliard, ainsi qu’à Besançon et Dole. On observe également des niveaux de pollution plus élevés autour des aires urbaines du Creusot-Montceau et de Vesoul-Belfort-Montbéliard, dûs aux activités industrielles de ces bassins géographiques. Les villes de Sens et Auxerre sont aussi impactées, car elles reçoivent une partie de la pollution émise dans le bassin parisien.

Les PPA, un outil localisé pour répondre à une dégradation de la qualité de l’air

De 2013 à 2015, les aires de Belfort-Montbéliard-Héricourt-Delle, Dijon puis Chalon-sur-Saône ont mis en place des plans de protection de l’atmosphère (PPA)3.
Parmi les mesures adoptées pour réduire la pollution atmosphérique à Dijon, on peut citer la création du tramway, le contournement du centre-ville grâce à la voie express « liaison Nord » (LiNo) et la priorité donnée aux mobilités douces dans le centre piéton. Chalon a quant à elle mis en place un contournement du trafic routier à l’extérieur de la ville et abaissé la vitesse sur autoroute de 130 km/h à 110 km/h.
3 Les PPA sont mis en place sur arrêté préfectoral lorsqu’un seuil de pollution générant un risque sanitaire est franchi. Ils ont pour objectif de ramener la concentration en polluants dans l’atmosphère à un niveau conforme aux normes de qualité de l’air.

Les particules, une pollution invisible 

Les particules fines (PM10) et très fines (PM2, 5) sont des polluants invisibles à l’œil nu, principalement issus des phénomènes de combustion (moteurs thermiques, chauffage, raffineries, incinération de déchets, centrales électriques, épandage agricole…). En pénétrant dans les bronches et bronchioles, elles peuvent entraîner le développement de maladies cardiovasculaires, respiratoires ou neurologiques, ainsi que des cancers. 

En région Bourgogne Franche-Comté, les chauffages individuels de type bois et fioul sont particulièrement émetteurs de particules (en 2019, le fioul représentait 16 % des modes de chauffage, et le bois 22 %).

Bois énergie et émissions de particules

Près d’un tiers des ménages de Bourgogne-Franche-Comté utilise le bois comme chauffage principal ou d’appoint. En se consumant, le bois produit des polluants atmosphériques, notamment des particules, mais aussi du monoxyde de carbone (CO), des oxydes d’azote (NOx), des composés organiques volatils (COV) ou des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Ces émissions peuvent être réduites très fortement en augmentant la température de combustion et en installant un système de filtration des fumées, comme c’est le cas pour les chaufferies collectives, urbaines ou industrielles de grande puissance.
Aujourd’hui, l’attention se porte surtout sur les systèmes individuels de chauffage au bois, qui sont responsables de plus du quart des émissions régionales de particules fines (PM10) et de plus de 40 % des rejets de particules très fines (PM2,5), selon Atmo Bourgogne-Franche-Comté. Des campagnes de mesures spécifiques dans le Jura, le Haut-Doubs et l’aire urbaine de Belfort-Montbéliard ont mis en évidence le rôle des chauffages individuels au bois lors de certains pics de pollution hivernaux. L’utilisation d’un combustible de qualité permet de limiter les émissions polluantes. Ainsi, par exemple, la marque collective BFC Bois Bûche apporte une garantie au consommateur. L’installation d’un appareil de chauffage à haut rendement (label Flamme verte 5 à 7 étoiles), bien utilisé, permet également de limiter l’impact sur la qualité de l’air. Les foyers ouverts, qui représentent encore 5 % des installations en région sont à traiter en priorité. Mais il faut aussi renouveler progressivement les installations anciennes peu performantes : inserts ou cheminées à foyer fermé (47 % des installations), poêles et cuisinières à bûches (28 %).
Source : Bilan énergie climat air BFC édition 2023, Oreca

L’ozone, un enjeu sanitaire fort

L’ensemble de la Bourgogne-Franche-Comté est concerné par les problématiques liées à l’ozone. Pourtant, cette source de pollution n’étant pas directement générée par l’activité humaine, elle n’apparaît pas dans les plans climat-air-énergie territorial (PCAET). On parle donc de « pollution invisible ».

Formé à partir de réactions chimiques, sous l’effet du soleil et de la chaleur, il constitue un enjeu majeur pour les années à venir, dans un contexte de réchauffement climatique associé à de longues périodes de sécheresse.

Très irritant pour l’appareil respiratoire, les yeux et la peau ; il est également agressif avec les végétaux, en attaquant directement leurs molécules organiques (destruction de la chlorophylle). Les toux sèches en période estivale, tout comme la nécrose des feuilles d’arbres en période de sécheresse, sont ainsi liées à la présence d’ozone dans l’air. L’impact de l’ozone sur les cultures peut induire de lourdes pertes de rendement agricole.

En Bourgogne-Franche-Comté, les aires urbaines et les grandes zones de culture, telle que la Saône-et-Loire, sont les plus impactées. L’ozone étant influencé par la topographie du territoire, on le trouve généralement en plus grande concentration dans les zones à reliefs.

Une pollution de fond en augmentation

Même inférieure aux valeurs limites règlementaires, une pollution de fond présente des impacts sanitaires à plus long terme en agissant par effet cumulatif. Cet effet est, au final, plus impactant que les pics de pollution selon les études de l’Institut national de veille sanitaire (INVS). C’est notamment le cas pour l’ozone, polluant secondaire qui se forme sous l’action des rayons du soleil : alors que les pics de pollution, sont en diminution, les niveaux de fond sont en augmentation, accentués par le réchauffement climatique. De ce fait, ce polluant présente de nouveau un réel enjeu sanitaire. La valeur cible de l’Union Européenne pour la protection de la population se base sur le maximum journalier de la concentration d’ozone en moyenne sur huit heures qui ne doit pas dépasser 120 чg/m3 plus de 25 jours par an.
Il est à noter que cette valeur cible a régulièrement été dépassée ces dernières années dans la région Bourgogne-Franche-Comté, principalement dans les secteurs qui concentrent, à la fois, les plus fortes émissions de polluants primaires, précurseurs de l’ozone, et les températures les plus élevées. Ce constat a notamment été relevé en 2020, avec des dépassements de la valeur cible européenne dans la vallée du Doubs, le val de Saône et sur l’axe Mâcon-Chalon-Dijon.
Source : Bilan énergie climat air BFC édition 2023, Oreca

Chiffres clés en Bourgogne-Franche-Comté

  • Pollution aux particules fines PM10 (Émissions de l’année 2020)
    - 29% d’origine résidentielle (chauffage principalement)
    - 29% d’origine agricole
    - 20% liés au transport
    - 21% liés à l’activité industrielle
    - 1% lié à la production d’énergie
  • 1/4 des habitants est régulièrement exposé aux particules fines PM 2,5

Cet article a été réalisé dans le cadre du Repères #89, à retrouver ici :
https://alterrebourgognefranchecomte.org/ressources?detail=57708.

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